lundi 25 août 2008

Un masseur guérisseur demande sa Légion d'honneur

(Cann, masseur)

Je ne suis pas mécontent que les jeux pourris de Pékin s'achèvent! depuis 15 jours en effet, on entendait que ça, entre médailles en chocolat et classement des médailles par pays…enfin, ouf!

Mais les JO continuent aux Archives ! voyez donc : dans les curiosités des demandes de la Légion d'honneur, ce masseur qui "a rencontré le président de la République [qui] a daigné [le] féliciter pour [son] dévouement à l'humanité". Voyons donc son dossier (LH/3200, 2 pièces seulement). Il est né le 14 décembre 1830 à Saint-Germain-en-Laye et habite Paris, impasse Boileau, il écrit le 11 juillet 1893 la lettre suivante :

"Monsieur le général
Je soussigné Cann Armand, âgé de 62 ans, né à Germain-en-Laye (Seine-et-Oise) le..., etc.

(…)

J'ai accompli des guérissons dont les médecins désespéraient. Je citerai M. Ziem, le grand peintre [s'agit-il de Félix Ziem, dit Ziem, né le 25 février 1821 à Beaune (Côte-d'Or) et décédé le 10 novembre 1911, peintre connu surtout pour ses marines ?, les dates semblent correspondre en tout cas], âgé de 84 ans, rue Lepie, n°72, qui avait la hanche déboîtée et que j'ai remis sur pieds en une demi-heure. M. Laurent, épicier, rue d'Auteuil, qui avait également la hanche déboîtée a été aussi vite guéri, quant à sa fille qui avait la jambe de 10 centimètres plus courte et qui avait été réduite à rester un an dans un appareil, il ne m'a fallu qu'un mois pour la guérir. Le jeune Mallet, 10 ans, rue Antoine Roucher, n° 10, condamné à rester un an dans un appareil, a été guéri en une demie heure de soins, etc. (…).

[un vrai champion donc]

En 1872, à Juvisy, j'ai obtenu une médaille d'or au concours agricole et à Chevincourt, une médaille d'argent pour le même objet. Le 28 mai dernier j'ai obtenu une médaille d'or [ce sont là les JO de notre masseur !] de la Société d'encouragement au Bien, présidée par M. Jules Simon. Cette distinction m'a valu une mention élogieuse dans le compte-rendu du Bulletin officiel de cette société.

(…).

En ma qualité de membre de la Société parisienne de sauvetage, j'ai obtenu une médaille d'argent [les JO continuent encore pour lui] (…).

Enfin [ouf !] je possède des attestations établissant que j'ai délivré 140 enfants qui étaient retenus dans des appareils.

[et il signe]"

Habituellement, les dossiers comportent des observations, ici rien de cela, on a classé le dossier sans suite purement et simplement. La Grande Chancellerie semble se méfier des guérisseurs…

août, fin

morceaux de charbon bleu aérien
dans un âtre éthéré
délaissé de ses corneilles
ce sont les débris d’un chapelet agglutinés
mystérieusement
c’est un nœud de mousse aux couleurs trompeuses
un astre pareil à du chardon des champs
cerné de feuilles dorées : voici la myrtille

des filles orangées réunies en perles au milieu d’épines
les seins sensibles au sel des liserons des bois
voyez cette flamme sarmenteuse secouée de mille drageons
voyez ce chaudron de corail à l’odeur d’herbes rôties
où flambent des fruits métalliques : voici le framboisier

mardi 19 août 2008

Le Serment du jeu de paume

(registre ouvert au Serment de jeu de paume)

Bon, je passe sur l’éternel débat de la pièce d’archive (pièce unique et originale et donc irremplaçable) soit comme témoin historique d’une période, comme support de l’étude diplomatique et comme nécessaire à la recherche administrative, etc., soit comme «œuvre d’art» (on dira aujourd’hui comme «produit culturel» qui rapporte des sous).

Longtemps on pensa que les documents originaux ne pouvaient présenter d’intérêt que pour les chercheurs (on disait à l’époque «des érudits»), capables d’en utiliser la substance. Puis, cette tendance élitiste s’atténua lentement au gré des changements de mentalité et de l’intérêt suscité par la recherche familiale (tous les services d’archives sans exception sont fréquentés quotidiennement par une horde de généalogistes) ainsi par la nouvelle pédagogie enseignée dans nos écoles où l’attention est dorénavant donnée à la pratique qui prévaut sur la théorie, et c'est ainsi que les élèves des collèges et lycées hantent hebdomadairement les ateliers dits pédagogiques des services d’archives…
Bref, on présentera dès lors le document d’archives au même titre qu’une estampe, un dessin, un tissu ou une toile, et l’archive devient malgré tout une «œuvre art».

C’est en 1861 que Léon de Laborde ouvrira le premier musée sigillographique dans l’hôtel de Soubise nouvellement restauré pour y exposer des moulages de sceaux afin «exciter la curiosité» de ses contemporains. Le musée paléographique s’ouvrira plus tard, suivi du musée des Archives en 1867, l’année même de l’Exposition universelle.

Et le succès répondit aux attentes. Des conférences paléographiques y furent prononcées tous les jeudis devant 1800 documents disposés dans de monumentales vitrines garnies d’ornements dorés. «On sort des Archives comme on sort du Louvre» se serait écrié Jules Claretie en 1877 dans son feuilleton du Journal officiel (sources : Manuel d’archivistique, 1970, page 657).

Le ton était donné, c’était la première fois qu’on ouvrait un musée au sein d’un grand dépôt d’archives et tous les services départementaux suivront cette tendance, le thème choisi étant généralement (et invariablement) l’histoire locale illustrée par des documents iconographiques tirés des différentes séries en les présentant d’une façon attrayante de façon à pouvoir illustrer une anecdote régionale, un personnage emblématique ou encore un enseignement institutionnel voire diplomatique ou paléographique puisqu’il fallait satisfaire une grande variété de public tout en variant judicieusement les différents supports (parchemins, sceaux, estampes, cartes et plans, rouleaux de papiers, etc.) mais aussi les objets (maquettes, poinçons d’orfèvres, échantillons de tissus, pièces à conviction, etc.).

J’ai eu la (mal)chance de voir un «retour d’exposition» qui m’avait gâché la journée à l’époque. On m’avait présenté le fameux «Serment du jeu de paume» original (initialement coté AE/I/5 n°3 bis puis AE 1086 dans l'exposition permanente sur la Révolution en 1989 mais anciennement conservé dans la série C des procès-verbaux des séances des Assemblées nationales), il s’agit d’un registre de 47 folios, relié de maroquin rouge avec des fers aux emblèmes de l’Assemblée prêté depuis fort longtemps au Musée de l’Histoire de France et resté invariablement exposé au public à la page de la séance du 20 juin 1789 (la fameuse séance de ce célèbre serment que firent les députés Barnave, Mounier, Target et Le Chapelier à l'assemblée tenue dans l'église paroissiale Saint-Louis de Versailles, de ne pas se séparer avant d’avoir donné une constitution à la France)…

Sous l’effet des rayons lumineux naturels et artificiels, cette page du registre est à jamais perdue (l’encre s’est évaporée, l’écriture est pâle, presque illisible), l’ampoule qui l’avait éclairée des années durant n’était sûrement pas de verre incolore ni ne contenait un pouvoir filtrant les ultra-violets. La salle qui avait abrité ce registre avait été trop exposée à la lumière naturelle qui est extrêmement nocive pour les documents, les fenêtres n’avaient sûrement pas été obturées ou n’avaient pas été maintenues dans l’obscurité les jours de fermeture ; la vitrine où il était exposé n’avait sans doute jamais été recouvert de tissus opaques ou la quantité de lumière sur le document (mesurable grâce à un luxmètre) n’avait pas été mesurée correctement (au reste, on ne s’en préoccupait guère à l’époque !)…

Quoi qu’il en soit, voici un document fondamental de notre histoire que l’on ne verra jamais plus dans sa version originale et ne pourra jamais plus être étudié que dans sa version électronique…à espérer que ce registre soit numérisé ou dématérialisé dans sa totalité? j’en suis pas vraiment sûr, à l’heure où nous entrons de plein pied en récession, à l'heure où les caisses de l'État sont vides et que le gouvernement ou le cabinet de l’Élysée (c’est devenu pareil aujourd’hui au point où on se demande encore à quel moment va-t-on nous annoncer le début du Consulat à vie !) et qui, par ailleurs dépensent à tour de bras, nous obligeant à des économies de bouts de chandelles...

Le Serment du jeu de paume n’est hélas pas le seul document en très mauvais état…

lundi 18 août 2008

Auguste Comte, reviens !

(les 13 mois de l'année)

Je me suis toujours demandé la raison pour laquelle notre fiche de paye n’était pas indexée sur la durée du mois : ainsi nous sommes payé à l’identique que le mois fasse 28 jours, ou 30 ou 31 jours !
Renseignement pris, nous sommes en réalité payé sur une base de 30 jours (au reste pour une journée de grève, on nous débite 1/30e de notre salaire et ainsi de suite).

Il nous arrive aussi de pester contre une annonce de ce genre «récital de musique baroque le 19 mars 2008, venez nombreux, etc.»…et à moins d’avoir un calendrier ou dans la tête (mais tout le monde n’est pas le héros du film Rain Man) ou à proximité ou encore un agenda électronique en état de fonctionnement, on ne saura jamais à quel jour correspond ce fameux 19 mars 2008 car au fond nous raisonnons souvent en fonction du jour de la semaine plutôt que de la date, il aurait été en fait plus simple de rajouter le jour et d’écrire «récital de musique baroque le vendredi 19 mars 2008», mais bon, il reste encore tout un savoir vivre ignoré dans notre société).

Enfin, qui n'a jamais été gêné par le décalage continuel des jours fériés et des fêtes, notamment la date de la Pâques qui change tous les ans ?



C’est sans doute pour résoudre ces désagréments qu’en 1849, Auguste Comte proposa son «calendrier positiviste» qui consiste tout simplement à découper l’année en 13 mois de 28 jours complétés par un «jour de l’année». Chaque mois commencerait un lundi et se terminerait donc (puisque 28 jours est multiple de 7) par un dimanche. On n’aurait donc plus le souci de perdre son temps à consulter un agenda électronique ou un calendrier classique de l’année pour connaître le jour du 19 mars 2008, un simple calcul mental nous indiquerait que tous les 5 du mois étant des vendredis alors le 12 et le 19 et le 26 seront aussi un vendredi, etc.

Cette idée de calendrier fixe à 13 mois avait ensuite été, et plus sérieusement, examinée par la SDN en 1922. Un comité avait même été crée afin de standardiser le temps et le calendrier (à cette époque c’était la mode de tout rationaliser). Ce projet de réforme avait aussi été repris par l’ONU dans un but de faciliter le calcul des salaires, de perdre moins de temps (à consulter le calendrier), etc. , mais peine perdue car à la suite de l’opposition des États-Unis (toujours eux) fondée sur «des motivations religieuses» (on se demande ce que Dieu vient faire dans cette histoire) le projet a été abandonné en 1955.

C’est dommage je trouve. Dans ce genre de calendrier fixe, tous les 14 juillet seraient des dimanches, de même que les 1er et 8 mai et les 15 août seraient toujours des lundis, il n’y aurait plus de 31 décembre mais ce fameux «jour de l’année» qui compète les 364 jours (13 mois de 28 jours).

Nous conservons aux Archives nationales de nombreuses archives du mouvement positivisme (séries 10AS et 17AS du fonds Fourier et Considerant ainsi que celui d’ Émile Corra, disciple d’Auguste Comte et animateur de nombreuses associations positivistes, etc.) mais il ne m’est jamais venu à l’idée (par manque de «temps» !) d’y chercher la trace de ce projet de calendrier. Il faut en fait se rendre à la maison d’Auguste Comte à Paris, rue Monsieur-le-Prince dans le 6e pour consulter ce fameux calendrier avec autographe manuscrit de l’auteur daté de décembre 1848. Du vivant de celui-ci, le calendrier fut ensuite édité sept fois avec un titre à n’en plus finir dans la même veine que tous les programmes positivistes au reste … (c’est peut être pour cette raison que l’on abandonna ce projet, humour évidemment…) : Calendrier positiviste ou système général de commémoration publique destiné surtout à la transition finale de la Grande république occidentale composée des cinq populations avancées, française, italienne, germanique, britannique et espagnole, toujours solidaires depuis Charlemagne , composé par Auguste Comte, auteur du système de philosophie positive. Tout un programme donc, mais j’aimais bien cette idée d'une année de 13 mois de 28 jours.

jeudi 14 août 2008

BB/17


(articles 5 et 6 du décret des 27 avril-25 mai 1791
sur l'organisation des ministères - BB/34/1/14)

Voici la sous-série BB/17 Cabinet particulier du ministre, 148 articles (25 m.l environ), dates extrêmes des documents: 1776 puis de 1815 à 1848 essentiellement. Elle est librement communicable dans sa totalité.

Noms des producteurs : ministère de la Justice, bureau du cabinet.

Histoire des producteurs :
Dès l’organisation du ministère de la Justice en 1791 (notre image), figurent, à côté du ministre, un secrétaire général et un secrétariat. À partir du Directoire, le secrétariat est étoffé par un bureau particulier. Succédant à ce dernier, le «cabinet particulier» apparaît sous la Restauration. Secrétariat, bureau ou cabinet particulier ont pour attribution les affaires qui ne relèvent pas de la compétence des autres bureaux ou celles dont le ministre se réserve l'examen: il peut s’agir d’affaires insignifiantes ou au contraire d’affaires politiques de grande importance. Le cabinet du ministre de la Justice au sens actuel du terme ne s’est constitué qu’à partir de la décennie 1875-1885. Le poste de secrétaire général qui a souvent alterné au cours du XIXe siècle avec celui de sous-secrétaire d’État à la Justice disparaît en 1887.

Histoire de la conservation :
Afin de faciliter les recherches dans ce fonds, l’archiviste Léon Lecestre l'a divisé en deux parties en 1926 : il a extrait des liasses formées antérieurement les pièces jugées par lui les plus intéressantes, dont il a conservé la première numérotation, précédée désormais de la lettre A, la lettre B ayant été affectée aux autres.

Présentation du contenu :
Concernant la période 1815-1848, la correspondance courante du cabinet particulier du ministre a été répartie en deux parties lors de son classement :

Les pièces cotées A, supposées avoir un «intérêt historique», se rapportent à l'esprit public (rapports de procureurs, surveillance de l'opposition, élections, etc.), au Conseil d'État (procès-verbaux des séances), aux travaux publics (notamment chemins de fer et canaux), aux voyages des princes et souverains, à la presse (statistiques d'abonnés, poursuites et saisies) et aux tribunaux (renseignements politiques sur les magistrats, audiences de rentrée, vote des jurés, justice dans les colonies).

Les documents cotés Btravail courant») ont un intérêt purement administratif (accusés de réception et lettres d'envoi diverses, lettres de recommandation, pétitions, demandes de places, etc.).

Sources complémentaires :
Autres parties du même fonds : Archives nationales (Paris) : la suite des documents de cette nature (de mars 1848 à 1859) se trouve dans les sous-séries BB/5 et BB/30, mais ils ne présentent pas un très grand intérêt historique et ne concernent l'administration de la justice qu'indirectement.

État sommaire :

BB/17A
BB/17A/1 à 57. Correspondance (premier groupe), classée dans l'ordre chronologique. 1815-1832.
BB/17A/58. Cote vacante.
BB/17A/59 à 96. Correspondance (premier groupe). 1827-1843.
BB/17A/97. Cote vacante.
BB/17A/98 à 153, etc, (avec des cotes vacantes) Correspondance (premier groupe) de 1837 à
1847.
BB/17A/154. Autographes. 1816-1847.

BB/17B
BB/17B/1 à 150. Correspondance (second groupe). 1815-1848.
Documents classés dans l'ordre chronologique, comprenant une seule catégorie jusqu'à 1830 (articles 1 à 75), puis, intercalées par année ou par groupe de quelques années, deux catégories nouvelles, l'une, à partir de 1831, contenant des minutes de réponses à des lettres de recommandation relatives au personnel judiciaire, et l'autre, à partir de 1842, contenant des minutes de réponses à des lettres de recommandation relatives aux officiers ministériels et à quelques autres affaires.



mardi 12 août 2008

L'Utilis, mathématique système

("ce mémoire adressé à la fois au Conseil municipal", etc.)

Décidément les mathématiques sont en vogue en cette année 1911. Après Charles-André Gauthier, professeur de mathématiques célestes (lire ce billet), voici Massoni, jurisconsulte, rue Lemercier dans le 17e arrondissement à Paris. Le ministère de la Justice ouvre un dossier de la Division criminelle (qui porte le numéro 2025A11, aujourd'hui BB/18/2471/2) dès la réception de son mémoire.

Datant du 9 novembre 1911 et adressé à messieurs de la Commission sur la criminologie ainsi qu'au ministère de la Justice, ce mémoire de 20 pages manuscrites d'une écriture minuscule et franchement illisible et incompréhensive, c'est presque de l'art brut…je tente néanmoins une transcription …

Voici la page de titre :

"L'Utilis, mathématique système de docks et de langues inépuisables…[ah oui, j'oubliais, les points de suspension sont dans le texte] pour résoudre à la complète satisfaction, chaque problème….et d'épier….les vols, les abus, les différends, les pertes…entre syndiqués.

Nota : ceci est à joindre à la théorie…qui doit être imprimée et, sans laquelle il n'y a point d'esprit qui puisse comprendre d'où viennent nos conflits pour apprendre les lois de l'harmonie

[on s'en serait un peu douté …c'est tout en programme en somme]

Voici la suite :

"(…) si vous voulez tous l'étudier et comprendre le péril (…) je suis prêt mathématiquement…[les points de suspension sont dans le texte comme vous le savez maintenant] vous prouvez…qui n'y a d'autre malfaisant que les lois….et le gouvernement….qui veut…
(….)
Que depuis la cléricale organisation, c'est l'incompétence contre chaque divine mission….qui commande les sciences….et empêche que le capital, l'outil, la raison, le logis ….et l'inépuisable abondance puissent être à chaque dispositions….de quorum…ou expérience…dis leur consensus omniums …et que les rois et patrons…..ou l'impertinence….tiennent en prison…avec l'invisible science et pour leurs appropriations….

Que, c'est la privation de la didactique….et de l'éducation….et des phalanstères…et du contrôle automatique…du…chien en loup….et de l'humain…Dieu sur terre….en ours…ou en fou….et inconscient….mais capable du tout envers les tyrans….

Voilà. Ce qu'est la première page, et c'est ainsi sur 20 pages !…

Une simple note du 14 novembre 1911 sur le dossier indique :
"ce mémoire adressé à la fois au Conseil municipal et à la Commission sur la criminologie ainsi qu'au ministère de la Justice est visiblement l'œuvre d'un fou [ah tiens ? !]. Proposition de classer à moins que le directeur n'estime préférable de le transmettre à toutes fins utiles au PG de Paris".

On n'a pas estimé de le transmettre "à toutes fins utiles" au procureur général de Paris, donc l'affaire est classée dès le lendemain, le 14 novembre 1915.

lundi 11 août 2008

La place de l'Étoile

(supplique de Hittforff)

Après la tour Eiffel, œuvre d'un certain Gustave Bonickausen, sujet français, mais qui demande le 30 octobre 1878, le changement de son nom, ayant "une consonance allemande (…) et qui peut [lui] causer soit individuellement, soit commercialement, le plus grand préjudice" en Gustave Eiffel (BB/11/1473 dossier 3121x78) (lire ce billet), voici un autre grand architecte né le 20 août 1792 (ou 1793) à Cologne (alors dans le Nord-Rhénanie et Westphalie, département français de la Roër, et aujourd'hui en Allemagne évidemment), et décédé le 25 mars 1867. D'abord sujet français (la Rhénanie et donc la ville de Cologne étant annexée de la Rhénanie par la République française en 1794), Hittorff devient étranger en 1814 après la chute de l'Empire (Cologne étant alors été rattaché au royaume de Prusse).

Charles-Jacques ou Jacques-Ignace Hittorff (les deux variantes des prénoms sont indiqués dans son dossier) est un architecte remarquable. D'après son dossier, il entre en 1810 à l'École des Beaux-Arts à Paris et travaille dans l'atelier de Charles Percier puis participe à la construction de la coupole métallique de la Halle aux Blés. Il est aussi attaché aux Menus Plaisirs du roi en qualité de dessinateur (en fait il participe de la décoration des nombreuses fêtes et cérémonies royales). En 1832, on le charge de l'aménagement de la place de la Concorde et il dirige la construction du Cirque d'hiver en 1852, mais il est plus connu pour avoir aménagé, en 1838, les Champs-Elysées ainsi que la place de l'Étoile et la place de la Concorde (avec l'obélisque de Louxor) telles que l'on peut encore les apercevoir aujourd'hui avec les réverbères (toujours en place), et surtout des immeubles situés autour de la place de l'Étoile.

Le 22 avril 1816 il écrit au roi la supplique suivante (dossier 1999B3, BB/11/114/1).

"Au Roi.
Sire,
Charles, Jacques Hittorff, né à Cologne, ancien département de la Roër, le 20 août 1793 [? pour 1792], résidant à Paris depuis 1810 où il a l'honneur d'être attaché aux Menus Plaisirs de Votre Majesté en qualité de dessinateur d'architecture où il a remporté plusieurs prix.

Supplie très humblement Votre Majesté de daigner l'admettre à établir son domicile en France et à y jouir de tous les droits civils [l'admission à domicile est une procédure qui abouti à un décret mais qui précède la naturalisation conférant alors aux citoyens "admis" les mêmes droits politiques et le même statut civil que les Français, en général la majorité des personnes qui ont bénéficié de ce décret ont ensuite été naturalisées].

Le suppléant est avec le plus profond respect,

Sire

De votre Majesté, le très humble, très soumis et très fidèle sujet [et il signe].

Ce dossier (11 pièces) ne contient pas son état-civil mais des pièces justificatives, un rapport sur lui, des lettres de recommandation (dont le duc d'Aumont), sa supplique, un reçu du Trésor public pour la somme de 122 F (droits du sceau et de son enregistrement), etc.

Finalement par une décision royale du 23 juin 1842, il redevient français.

Hittorff n'est pas le seul architecte d'origine prussienne exerçant à Paris. En 1825, Chrétien-François Gau, moins connu que Hittorff, demande aussi ses lettres de naturalité, étant né à Cologne en Rhénanie le 15 juin 1789 (rappelons que la Rhénanie fut annexée en 1794). En novembre 1810 il quitta Cologne pour achever ses études à l'Académie d'architecture où il fut admis en 1811. Après des voyages en Sicile et en Égypte il fut nommé "inspecteur des bâtiments des hospices" (équivalent d'architecte diocésain) le 28 janvier 1824. Comme son compatriote, Gau redevient français par ordonnance royale du 31 mars 1825 (dossier 2761B6, BB/11/232).

août, milieu

des veines de sang sur des vitres grenues
aiguilles nouées à de collantes guimauves
qui sonnent les heures comme des chants
des yeux globuleux comme une promesse
et du soleil grené à peine froid
là où ses fruits illuminent des robes
parcourues de gypse : voici le grenadier

chasse au sorbet coiffé de casseille
deux corbeilles de rosaires touffues et acides
sur un bout de langue tourmentée
des fruits ailés couronnés de mouches impériales
démesurément rondes accrochées à un lustre
de boules de neige au goût plutôt âcre :
voici le cassissier

jeudi 7 août 2008

Charles-André Gauthier, professeur de mathématiques célestes


Après Lambert Legrand, président de la République (lire ce billet), voici Charles-André Gauthier, autre illuminé pour lequel le ministère de la Justice a ouvert un dossier de la Division criminelle (qui porte le numéro 1991A11, aujourd'hui BB/18/2471/2).

Il se dit professeur de mathématiques célestes, ancien stagiaire au ministère de l'Intérieur sous Clemenceau et il donne des consultations infaillibles par l'astrologie judiciaire au 30 rue de Varenne, magasin de parfumerie orientale à Paris. Comme parfumeur il est aussi l'inventeur et le distributeur de "l'Eau Neptune" (Le Dieu des Eaux), parfum récompensé en 1904 au Grand Palais (prospectus dans ce dossier).

Sa lettre du 10 novembre 1911 adressée au ministre de la Justice est pourtant remplie de sincérité, elle a été écrite par sa femme puisque notre professeur de mathématiques célestes "est affaibli", en voici sa teneur :

"Excellence
Nous avons adressé notre nouvelle adresse à votre ministre [il s'agit de la carte de visite ci-dessus], sans réponse (…) pour tenir un magasin 30 rue de Varenne sur rue afin que nos compatriotes patriotiques (sic) se réveille (sic) sous le poids qui bientôt va surgir pour 1912. Mystère qui est dans les calculs de Charles André (mon mari) et personne n'a l'air de lui tendre la main dans la rue de Varenne. Il est vrai [que] cette demeure, sans guirlande, presque inhabitable, c'est une fosse d'aisance que j'ai pris pour servir plus servir plus aisément (…).

Notre art mathématique connue est si apprécié de l'esprit supérieur de monsieur Clemenceau sénateur [c'est indiqué sur sa carte de visite souvenez-vous].

(…)

Nous avons à ce sujet une boîte à lettre privée autorisée pour tenir secret les correspondances (…) [suit ensuite une liste de noms d'hommes politiques, de "quelques usurpateurs cachés à 'étranger" qu'il faut "éviter", etc.].

En aviser les divers ministères et définir des mois infortunés pour le pays, et un secret à confier! à un héros comme vous, voilà ce que vous devriez avoir dans vos cartons le code céleste !…gardé par nous jusqu'au jour où vous daignez écrire à mon mari, venez-y expliquer (secrets ne pouvant être écrits) [une conspiration céleste ?], etc.

Une simple note sur le dossier indique "proposition de classer, il s'agit d'un fou ou d'un fumiste qui se dit professeur de "mathématiques célestes" et inventeur de "l'astrologie judiciaire", marchand au surplus de "l'Eau Neptune" (…)".

Affaire classée le 13 novembre 1915.

mercredi 6 août 2008

Je demande la Légion d’honneur mais je suis une femme

(" (...) classer le dossier sans aucune suite")

Dans la série «Je demande la Légion d’honneur mais (hélas) je suis une femme, et donc je ne l’obtiens pas car on trouvera mille excuses» (lire notre billet sur Caroline Chesneau née Demarest) voici le dossier de la demoiselle Boulot Anne-Anna (LH/3196, 18 pièces), née le 27 mai 1840 à Guéret (Creuse) et sociétaire de "La Solidarité Creusoise", société de secours mutuels fondée en 1902.

C’est le 7 septembre 1909 que la demoiselle Boulot vient en personne déposer sa candidature à la Grande chancellerie, rue de Solferino à Paris. On ouvre alors un dossier en prenant garde d’indiquer la note suivante : «attendre pour l’instruction, la demande qu’adressera La Solidarité Creusoise»…ce qui ne tardera guère puisque M. Fouyaud, président de la Société envoie à la Grande chancellerie (le 4 novembre 1909) une supplique en ce sens et signée de tous les sociétaires. On y apprend que la «demoiselle Boulot vit à Guéret, modestement mais très honorablement de son travail, en donnant des leçons et en faisant des travaux depuis plus d’un demi-siècle pour la Direction des contributions directes qui, sous tous les rapports, l’apprécie beaucoup. Sa famille est respectable. Son père est resté de longues années attaché à la Préfecture de la Creuse en qualité d’employé des Archives départementales [comme par hasard !].

On y apprend que demoiselle Boulot vit «de privations, sacrifiant ses mois d’économie [pour] suivre des cours de la Croix-Rouge et obtenir en 1894 la note la plus élevée», tous ces sacrifices pour aider les plus démunis, les illettrés, les déshérités, etc. Le président ajoute «Partout où il y a du bien à faire, on la trouve! (…) elle est héroïque dans ses persévérants et pénibles efforts : ne mérite-t-elle pas la distinction des Braves ? sur une poitrine dans laquelle bat un cœur plus généreux, plus bienfaisant, plus patriote, le Ruban Rouge ne pourrait être place!, etc. ».

N’obtenant pas de réponse de la Grande chancellerie, on renouvellera la demande le 26 mai 1913:

«(…) pour vous rappeler notre proposition de la Croix (…) en faveur de notre distinguée sociétaire, etc. Par son dossier, vous connaissez les nombreux titres qu’elle a à votre bienveillance», et on rajoute une couche sur les efforts de la dite demoiselle dans l’action humanitaire accomplie «malgré son âge, ses infirmités et l’état de plus en plus précaire de sa santé, avec un inlassable dévouement son apostolat volontaire», et pour faire bonne mesure, on adjoint au dossier la liste de toutes les décorations obtenues par la demoiselle Boulot : palmes académiques (1899), rosette de l’instruction publique (1906), plusieurs prix de l’Académie française, des médailles d’honneur et parfois d’or de la Société d’encouragement au Bien, la médaille de la Fête nationale du devoir (avec diplôme), etc.

C’était la dernière pièce qu’il ne fallait pas envoyer (à mon point de vue !), puisque la Grande chancellerie, soucieuse de justifier son refus de décerner la Légion d’honneur à une femme, prétexta que la demoiselle «a la monomanie de toutes les décorations [et qu’il] n'y a pas lieu de retenir un seul instant cette demande [puisque] Mlle Boulot n’a ni titres ni droits à aucune [décoration] (…)». Et une simple note en marge indique «(…) classer le dossier sans aucune suite».
Dont acte !

mardi 5 août 2008

Lambert Legrand, président de la République


On n'ose pas imaginer la surprise d'A. Briand, ministre de la Justice, lorsqu'il reçoit de Dunkerque, le 22 février 1908, un pli à l'en-tête de la "présidence de la République, le représentant légal militaire, L. Legrand".

Dans cette enveloppe, notre ministre trouvera un mot bref, toujours à en-tête le cachet de la présidence de la République "par décision présidentielle de la Présidence de la République (sic), M. le ministre de la Justice fera insérer d'urgence les décisions présidentielles et pièces ci-jointes au Journal officiel, [signé] etc". Les documents imprimés en question sont des "citations à l'ordre du jour de l'armée", des "copies de jugements présidentiels de la Présidence de la République" ou des "copies de jugements de monsieur le présidence de la République" dont celle-ci très amusante :

"Montenuis, avoué à Dunkerque et le directeur Crédit Lyonnais à Calais, prévenus de flagrant délits de vols, seront écroués à la prison jusqu'à ce que le Crédit Lyonnais ait exécuté le jugement de la présidence de la République du 24 juillet 1907"…[un visionnaire ce Lambert Legrand, président de la République ! quand on connaît l'histoire actuelle du Crédit Lyonnais].

On s'en émeut au ministère de la Justice, on ouvre un dossier de la Division criminelle (qui porte le numéro 999A08, aujourd'hui BB/18/2386/1) pour, tout compte fait, la clore aussitôt car relevant d'une affaire qui somme toute semblait provenir d'un fou. On cherchera cependant, par pur principe, à retrouver l'imprimeur qui aurait fabriqué pour notre "président de la République" ce papier et ce faux cachet, et l'affaire sera close le 27 février 1909.

En souvenir nous garderons cette carte de visite d'un Lambert Legrand, président de la République l'espace d'une année.

lundi 4 août 2008

Cet été


Cet été, notre bibliothèque municipale (qui ferme tout de même 3 semaines pour d'éternels travaux d'embellissement et qui n'a toujours pas résolu ce problème d'abonnement à 2 niveaux : 1 puis 3 sans passer par le 2e niveau ! lire notre billet sur ce système crétin) nous autorise à emprunter 10 livres pour une durée de 6 semaines ! l'occasion donc de se charger d'une bonne vingtaine de romans dit de détente qui se laissent facilement lire.

J'ai beaucoup apprécié le premier Marie-Hélène Laffon, Le soir du chien, un roman admirable rempli de poésie à chaque page, mais j'ai ne n'ai pas trop aimé Sur la photo, son deuxième …c'est comme ça.
De même que j'ai adoré Février et Comme les hommes de Louis Sanders mais pas du tout Vie et mort des plantes toxiques… trop de dialogues, l’intrigue tarde à venir … à croire que les auteurs mettent le paquet sur leur premier roman puis se laissent aller.

Daniel Fohr et son Un mort par page est excellent ! il y a effectivement un mort par page (et un index en fin de volume le prouve !) mais loin de l'idée macabre de l'hémoglobine incontrôlable car dans ce roman déglingué qui démarre sur les chapeaux de roues, tout est question de dosage et chaque disparition, chaque trépassé, chaque situation macabre, chaque accident, chaque mort est décrit d'une manière feutrée, y compris les meurtres les plus sanguinolent, bref un roman qui se laisse vivre page à page comme dans un jeu, qui lui est contrôlé, puisque l'auteur a décidé de placer un mort à chaque page…à découvrir.

Cet été, tout Annie Ernaux est également passé, ainsi que Luis Sepulveda…de la pure détente quoi.

Ajoutez à cela Guy Goffette et son Un été autour du cou (Gallimard, 2001) ou l’initiation sentimentale du jeune campagnard Simon par une femme mûre de plusieurs années âgée que lui…un roman court qui se lit en une soirée tout comme Georges Bonnet, retraité de l’Éducation nationale, lu la soirée suivante, et son Les yeux des chiens ont toujours soif (édition Le temps qui fait, 2006) ou l’histoire toute simple d’Émile, 70 ans qui un jour, dans un parc engage la conversation avec une femme de son âge et c’est tout ! tout est alors tranquille, pudique, précieux... Tous deux sont des poètes (ce que j’ignorais avant d’avoir emprunté) qui se s'ont essayé au roman et c’est d’autant mieux au reste puisqu’à chaque page on retrouve des phrases magiques comme «capturer l'ombre qui bouge en lui sautant dessus», «retenir un nuage en lui attachant les ailes aux pieds de la table», «dans une chambre d’hôtel un homme à sa fenêtre qui attendait la mer», etc. Magique donc.

etc, etc. mais bon, je ne suis pas non plus critique littéraire…

Cet été aussi, grâce aux encouragements de Guillemette et d’une collègue des Archives, j’ai édité mon premier recueil de textes. Guillemette a trouvé que «l’île de soie sur un raisin» et «un sirop de sable qui colle…un jour de suie» (lire soucieuse de pierreries tailladées) devraient être publiés et m’a donc trouvé un éditeur qui propose une impression à la demande sur du papier respectueux de l’environnement semble-t-il. Je remercie Guillemette : le livre est magnifiquement bien édité, on le trouvera sur le site de TheBookEdition et le titre est Le bruit d’une sandale sur une dune de sel

Le livre Le bruit d\'une sandale sur une dune »

tout un programme…

Cet été aussi, je vais à nouveau rencontrer les mêmes personnes qui me demanderont "alors ces vacances ?" ou "quand est-ce que tu pars ?"…et ce sera l'occasion pour moi de redire que non, mes vacances c'est plutôt hors vacances-scolaires, etc.

Cet été on n'ouvrira pas un seul magazine, un seul journal, une seule chaîne de radio sans entendre le nombre de médailles gagnées par la France aux JO de Pékin ou tous les résultats de ces sports au nom imprononçable…pour entendre les mêmes pékins nous signaler à la rentrée de septembre, que tout ce monde s'était en réalité dopé, et les mêmes pékins qui me redemanderont en septembre "alors ça s'est bien passé ces vacances ?" ou la variante "alors, ces vacances ?). Sans commentaires.
Vivement la rentrée.

vendredi 1 août 2008

BB/16


Aux Archives nationales, site de Paris, la sous-série BB/16 du ministère de la Justice est intitulée Correspondance générale de la Division civile (dates extrêmes des documents 1790-1932), et mesure environ 102 m.l. (2850 articles). En application de la nouvelle loi sur les Archives (16 juillet 2008), les documents sont communicables après un délai de 75 ans.

Noms des producteurs : ministère de la Justice, division de la correspondance (1793), division (puis direction) civile (1814) puis direction des affaires civiles et du sceau (1832).

Histoire des producteurs :
Dès 1793, le bureau de la correspondance (organisé en 1791 à la création du ministère de la Justice) s’est scindé en plusieurs divisions spécialisées, dont quatre pour la correspondance en matière civile (la répartition était départementale). Ces divisions de correspondance civile furent regroupées en une seule à l’époque de la Commission des administrations civiles, police et tribunaux (an II-an IV), puis à la recréation du ministère de la Justice en l’an IV. Toutefois à cette époque, la distinction entre les matières civiles, correctionnelles et criminelles n’était pas toujours bien tranchée.

Sous le Consulat et l’Empire, la division de la correspondance civile, appelée désormais «division civile», eut sa compétence notablement élargie. À partir de l’an XI, lui furent attribuées les questions relatives à l’état civil (comme les changements de noms) et aux successions en déshérence, ainsi que la publication des jugements d’absence en conséquence du Code civil. En 1809, elle reçut en charge la juridiction gracieuse civile rétablie par Napoléon à partir de l’an XI, c’est-à-dire les admissions à domicile et les naturalisations des étrangers en France, les dispenses (comme les dispenses pour mariage).

Sous la Restauration, la division des affaires civiles prit le titre de «direction» ; elle reprit celui de division au début de la monarchie de Juillet, puis redevint définitivement une direction. De janvier à octobre 1819, un bureau distinct géra les admissions à domicile, les naturalisations, les changements de noms, les dispenses pour mariage, les absents. En 1832 les attributions de la commission du sceau furent réunies à celles de la direction des affaires civiles en matière de juridiction gracieuse civile. Celle-ci prit désormais le nom de «direction des affaires civiles et du sceau».

Depuis le Second Empire, la direction des affaires civiles était largement associée à la préparation des projets de lois et de décrets en matière civile. Cette attribution fut précisée par le décret du 9 juin 1909. Après la Première Guerre mondiale, furent rattachés en outre à la direction des affaires civiles et du sceau : le service Alsace-Lorraine, chargé de l’application des lois françaises dans les territoires recouvrés, le bureau des lois de guerre et des séquestres, chargé de la législation exceptionnelle de guerre et des séquestres des biens des ressortissants des pays en guerre contre la France.

Histoire de la conservation :
Les versements effectués aux Archives nationales par les services de ce ministère ont commencé en décembre 1827 et, à cette date, figuraient déjà, parmi les documents versés, 440 articles de la Division civile, classés par département et par année, de 1791 à l'an XIV. D'autres versements ont eu lieu en 1834, 1848, 1858, 1866, 1877, 1884 et 1887, 1904, 1926, 1929 et 1943-1944 ; ils ont permis de constituer, aux Archives nationales, l'importante sous-série BB/16 dont les éléments portaient, au ministère de la Justice, la cote B suivie de divers exposants (voir le dossier à l'image, dossier 114 B 1901).

Présentation du contenu :

Les dossiers généraux constituent, avec la correspondance y relative et les pièces annexes, des dossiers législatifs et documentaires sur telle ou telle matière de la législation civile et commerciale.

Les dossiers individuels, dits aussi «sériels», sont constitués à partir des demandes des administrations et des particuliers, qu’on appelle «petites requêtes» selon la terminologie du ministère de la Justice, ou des rapports des parquets. Ils concernent toute espèce de questions et d’affaires de la compétence des juridictions civiles (succession, mariage, divorce, adoption, légitimation, changement de noms, armories, usurpation de titres, etc. mais aussi des délimitations de communes, les affaires relatives aux accidents de travail, etc.).

Il ne s’agit pas de dossiers d’instruction d’affaires, mais seulement de la correspondance échangée avec le ministère de la Justice à propos de ces affaires ou bien encore de simples demandes de renseignements ou des plaintes (contre l'administration, contre les avocats, les juges de paix, etc.).

Les dossiers individuels ont gardé en partie le classement numérique qu'ils avaient reçu au ministère de la Justice, les documents sont divisés en deux parties.

La première (articles 1 à 931) est constituée par les dossiers du début du XIXe siècle (jusqu'à 1820), répartis par département, mais aussi des dossiers relatifs à des affaires criminelles et à des troubles politiques, la distinction formelle entre affaires civiles et affaires criminelles n'ayant pas été faite dès le début de la Révolution.

Dans la seconde (articles 932 à 2761), les dossiers sont classés par année dans l'ordre numérique d'enregistrement et s'appliquent à la période comprise entre 1821 et 1932.

Pour en savoir plus :
Georges Bourgin, «Note sur la division civile du ministère de la Justice et les archives de la commission des administrations civiles, police et tribunaux», dans Annales historiques de la Révolution française, nouvelle série, t. VI, 1929, p. 256-265.

État sommaire

BB/16/1 à 927. Correspondance générale classée par département. 1790-1820 (quelques pièces antérieures).
BB/16/928 à 931bis. Dossiers n'ayant pas été compris dans le classement général par département. 1792-1820.
  • BB/16/928. Dossiers concernant l'Université. 1808-1818.
  • BB/16/929 à 931. Dossiers concernant les pays conquis et étrangers et les colonies, pièces anonymes, dossiers sans désignation de département. An VII-1820.
  • BB/16/931 bis. Circulaires du ministère de la Justice et réponses. 1792, an III.
BB/16/932 à 2761. Correspondance générale classée par années. 1821-1932.


août, début

arche violette lumineuse de lilas
orchestre voué à la couleur du velours
une liane métallique accrochée à un chrysomèle
espoir d’une ultime floraison en panicules
c’est une boule qui s’effondre
ignorante des ombres mauves et des tiges lascives :
voici le buddleia